Le plan alimentaire est-il un traitement diététique?
Un patient a-t-il le droit d’exiger un plan alimentaire ?
Sophie Schoelinck est diététicienne-nutritionniste et praticienne en hypnose dans le Hainaut près de Charleroi, la question du choix du traitement est parfois un sujet de discussion, elle vous propose ici ses réflexions.
Ce qui suit fait écho à diverses situations problématiques rencontrées au cours de ma carrière. Lors de ma dernière altercation, j’ai été contrainte à « prendre sur moi », à contrecœur, pour éviter que cela impacte ma réputation et la ternisse. Oui, juste pour éviter cela car, malheureusement, de nos jours, il nous faut en tenir compte !
Ma volonté de traiter du droit du patient peut à priori paraître rébarbative pour celles et ceux qui n’affectionnent pas la notion de Droit et les procédures qui en découlent, ni les sujets très « carrés » – comme moi d‘ailleurs, cela dit en passant –. Cependant, il faut savoir qu’en matière de soins de santé, on ne fait pas ce que l’on veut ; il y a des lois qui régissent ce domaine, et c’est tant mieux. En voici un bref résumé ; vous comprendrez où je veux en venir.
Droit du patient, quèsaco ?
J’aborde ici la notion du droit du patient, du consentement et de la légitimité dans le cadre de la profession de diététicien.ne en lien avec la loi relative au droit du patient – Loi du 10 novembre 1967 chapitre 2 et celle du 22 août 2002 : « le cadre d’application a bel et bien effet pour les paramédicaux possédant un numéro d’agrément accordé par une instance reconnue ».
Que nous dit cette loi ? Elle nous dit que :
- Elle s’applique au patient qui reçoit des soins dispensés par un professionnel de la santé (promouvoir, restaurer, améliorer la santé) ;
- Le praticien doit agir dans les limites de ses compétences ;
- Le praticien agit toujours dans l’intérêt du patient, et en concertation pluridisciplinaire.
Qu’entend-t-on par « droit du patient » ? Il faut comprendre qu’il a le droit de :
- Recevoir des soins de qualité suivant ses besoins, dans le respect de sa dignité et de son autonomie ;
- Disposer du libre choix du praticien ou d’en changer ;
- Recevoir toutes les informations utiles pour comprendre son état de santé et l’évolution probable ;
- Ne pas recevoir d’informations le concernant, s’il ne le souhaite pas ;
- Ne pas être au courant de certaines informations le concernant si un praticien juge, en concertation avec un.e autre collègue, que cette information pourrait lui causer un préjudice grave ;
- Consentir librement à toute intervention du praticien moyennant une information préalable ;
- Être informé que le praticien a souscrit à une assurance risques professionnels ;
- Être informé que le praticien est autorisé à exercer ;
- Consulter son dossier (tenu par le praticien « en bon père de famille ») ;
- Protection de la vie privée ;
- Porter plainte ;
- Exercer ses droits s’il a la capacité de comprendre ;
- S’adresser à une association œuvrant pour la sauvegarde des droits du patient ;
- Le patient mineur doit être représenté par la personne juridiquement responsable de lui, mais le praticien peut décider de rendre le patient autonome s’il l’estime apte à apprécier raisonnablement ses intérêts.
Et... toutes ces explications pour ?
Et bien, quand un patient demande, voire, exige un plan alimentaire parce qu’il pense que cela va solutionner ses problèmes de santé ou son surpoids, dans les faits, il acte le choix décisionnel de son traitement.
C’est exactement comme si vous alliez chez votre médecin et que vous lui demandiez tel traitement médicamenteux pour traiter votre diabète sans permettre au médecin de réaliser une (bonne) anamnèse, c’est-à-dire vous questionner, l’empêchant ainsi de poser un diagnostic.
Un plan alimentaire, un traitement pour solutionner un problème.
Lorsqu’un patient consulte un.e diététicien.ne et qu’il « exige» un traitement de son choix, il ne respecte pas les compétences, ainsi que les droits et devoirs du professionnel. Si le prestataire estime qu’un régime alimentaire n’est pas la solution nécessaire pour traiter le problème du patient, il n’est pas tenu de délivrer ce que cette personne vient chercher. Nous ne sommes pas dans une épicerie où l’on vient acheter un produit répondant à une envie et qui a été librement choisi dans un rayon. Il s’agit d’un service que le praticien estime être en adéquation avec les réponses obtenues après avoir pertinemment questionné la personne qui le/la consulte. Le choix du praticien doit donc répondre aux critères de la situation en agissant dans l’intérêt du patient. En aucun cas il n’a l’obligation de répondre à l’exigence du patient en lui « vendant » ce que celui-ci estime lui être obligatoirement dû.
Ce qui est usuel, n’est pas forcé…
Je peux comprendre qu’il y ait confusion ; beaucoup de personnes s’attendent à recevoir un plan alimentaire à l’issue de la consultation d’un.e diététicien.ne, mais c’est une erreur de le penser. Tous les problèmes alimentaires ne se résolvent pas avec des règles et un cadre stricts. Il y a des solutions individualisées qui permettent de trouver des pistes qui mènent vers le succès sans avoir à imposer des trames à l’emporte-pièce. Si certains s’en satisfont et s’en trouvent rassurés, d’autres ne se plieront jamais à cette configuration. C’est tout l’art du métier que d’évaluer la pertinence, rare et ponctuelle, de telles méthodes.
Sophie Schoelinck diététicienne-nutritionniste depuis plus de 20 ans sur Montigny-le-Tilleul vous conseille de faire confiance en l’expertise de votre diététicien.ne diplômé agrée par le SPF Santé publique; ses connaissances, ses compétences et son expérience permettent de savoir et comprendre pourquoi il/elle choisit un chemin plutôt qu’un autre...
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